mardi 7 février 2012

Humanisme, un gros mot


Humanisme, un gros mot




Ce knol fait partie de la collection Réflexions et paroles en l'air
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                                                      HUMANISME : Un gros mot !

On peut assez facilement se mettre d’accord sur une définition de l’Humanisme. A défaut d’imagination, les dictionnaires ou les philosophes ayant pignon sur rue nous en fourniront une qui aura fait ses preuves. Alors pourquoi se fatiguer à essayer de faire plus mal ce que d’autres qualifiés, et pas des moindres, ont fait si bien ?
Définitions :
J’en relève deux figurant dans le Littré.
1° s’applique à Histoire littéraire. « Mouvement d’esprit représenté par les humanistes de la Renaissance, et caractérisé par un effort pour relever la dignité de l’esprit humain et le mettre en valeur, en renouant par-dessus le Moyen Âge et la Scolastique, la culture moderne et la culture antique ».
2° concerne la Philosophie. « Toute théorie ou doctrine qui prend pour fin la personne humaine et son épanouissement ».
L'histoire littéraire n'est pas l'objet de mon propos. Je retiens donc la seconde, d’autant plus qu’elle a été reprise par Sartre sous la forme : « théorie qui prend l’homme comme fin et comme valeur supérieure », ce qui pour moi convient encore mieux à mon niveau de compréhension.
Je vous propose donc de l’adopter, car à mon avis tous les frères peuvent s’y retrouver.
 Problème :
 Ma planche aurait pu se terminer là s’il n’y avait un problème et même un problème de taille. C’est ce qui justifie le titre.
En effet cette définition qui fait un peu vite l’unanimité, subordonne l’humanisme à l’idée que l’on se fait de l’homme lui-même. Cela est assez personnel, du moins tant qu’on n’y a pas réfléchi assez pour découvrir qu’on peut partager avec autrui le même projet, le même idéal, la même utopie.
Mais même partagée, l’idée de l’homme valeur supérieure, reste à discuter. Supérieure à quoi et à qui ? Je suis de ceux qui entendront supérieure dans l’absolu, mais j’admets qu’on puisse avoir d’autres avis.  Un avis très courant me vient spontanément à l’esprit mal tourné qui est le mien : « Supérieure à tout, sauf à dieu et vraisemblablement au GADLU ». Vous voyez bien qu’on n’a pas fini de discutailler et qu’il nous faudra dépasser minuit. Donc pour moi, c’est supérieure dans l’absolu. Reste à voir ce qu’on entend par l’homme.

Si par première hypothèse d’école, pour moi l’homme est une créature divine qui a péché dès la première minute où on lui a concédé la possibilité de prendre quelque initiative dans un domaine pourtant très personnel comme  la sexualité, alors mon humanisme avec la définition ci-dessus, consistera à promouvoir le rachat de sa faute, et à lui faire retrouver sa condition de créature parfaite, quitte à lui pourrir la vie en exercices de mortification. Je ne serai pas seul à voir ainsi, tous mes coreligionnaires seront à mes côtés. C’est ainsi que les talibans, de bonne foi pour certains, ont un projet pour l’humanité entière : c’est l’humanisme taliban dans lequel l’homme est surtout supérieur à la femme. Toutes les religions n’ont pas de projet aussi expéditif, mais ne nous y trompons pas, toutes les religions, pour certaines de bonne foi, pensent à la place du voisin et pour son bien qui plus est. Là est le véritable  danger. N’a-t-on pas en ce moment des exemples particulièrement sordides de méfaits s’inscrivant dans ce qu’on pourrait appeler un humanisme catholique romain appliqué tout spécialement à la jeunesse irlandaise ou plus près de nous aux petits chanteurs de Ratisbonne ? Ratisbonne, rappelons-le, en 1459 hébergeait les statuts des tailleurs de pierre, lesquels reconnaissaient Strasbourg comme « Juge suprême et plus haute instance de l’ordre ». Quel chemin parcouru en marche arrière depuis cette date, et quelle responsabilité pour nous si nous ne dénonçons pas pareilles tares. Si personne ne le fait, je le fais présentement, au moins  pourrai-je dormir la conscience tranquille ce soir en attendant de descendre dès demain dans la rue comme porteur de pancarte.

Si par seconde hypothèse d’école, toujours pour moi, l’homme est le résultat non définitif de l’évolution, mais à un instant T de sa grande histoire, ayant la conscience très ancrée dans ses moindres cellules, qu’il est de même nature, de même substance, qu’il a la même destinée que n’importe quel animal, n’importe quelle plante, n’importe quelle pierre, alors je suis pris de vertiges et je vais me coucher. Or il ne faudrait pas, car dans cette vision idéale de l’homme réside peut-être son avenir, même si vraisemblablement son avenir rejoint son passé.
Et c’est là que le franc-maçon que j'essaye d'être réagit, se prend par la main et se met au boulot. Je me démène pour inventer des stratégies, pour imaginer des solutions, pour trouver des moyens, pour les coordonner et les mettre en œuvre sans relâche, afin que cette petite chose qu’est l’Homme, ait sa place, sa juste place et toute sa place dans le monde qui l’entoure. Tout cela sans jamais oublier que ce qui le distingue pour le moment dans son environnement, c’est l’intelligence plus développée que celle des animaux qu’il côtoye. Mais que cette intelligence sans contrôle est capable du pire comme du meilleur. La nécessité de contrôler, de maîtriser, de guider, d’encadrer ses actes est une évidence, sinon comment expliquer Ratisbonne ?
Ainsi, on peut construire toute une vie sur une foi, c’est légitime car sans conséquence sur l’entourage. Par contre construire un humanisme sur une foi, c’est prendre le risque de faire payer au voisin les conséquences de sa propre inconséquence, ce qui est exactement le contraire de l’humanisme. L’humanisme tel que je l’entends dans la définition que je rappelle : « théorie qui prend l’homme comme fin et comme valeur supérieure (dans l’absolu, donc supérieure à tout) », cet humanisme donc est exclusivement tourné vers et pour l’autre considéré comme individu aussi libre que moi, aussi légitime que moi, aussi supérieur que moi, n’ayant de comptes à rendre qu’à sa seule conscience, comme je n’ai moi-même de comptes à rendre qu’à la mienne.
L’humanisme vu sous cet angle perd de son panache, car il devient d’abord un savoir-être pour soi-même avant d’être un projet pour le voisin. Il ne concernera le voisin que lorsque j’aurai fait de moi une pierre utile le moment venu dans le projet du voisin, si tant est qu’il souhaite s’en servir.
 Alors un gros mot ?
Tant que l’idée que l’on se fait de l’homme n’est pas explicitée on ne peut imaginer le contenu d’un humanisme proclamé. C’est pourquoi disserter à l’infini sur tel ou tel humanisme sans préciser d’abord et dans le détail de quel homme on parle, c’est parler pour ne rien dire. Tant qu’on ne fait pas référence à un homme libre de toutes croyances, de tous dogmes, de toutes allégeances à des supposés maîtres, qu’ils soient spirituels, professionnels ou même maçons, parler d’humanisme risque de n’être qu’un gros mot de plus. Le seul moyen à mes yeux d’être efficace en ce domaine, c’est de virer une fois pour toutes les entraves à une libre pensée, y compris le concept de « grand architecte de l’univers ». La science progresse à grands pas, elle nous facilitera la tâche en nous démontrant de manière de plus en plus incontestable que l’homme n’est que l’enfant naturel né du couple fécond Hasard et Nécessité. Ces deux géniaux fornicateurs ont été les deux premiers humanistes.
 Je n’attends pas de la science qu’elle me démontre que dieu existe, ou qu’il n’existe pas, j’attends d’elle qu’elle me rejoigne en affirmant que « dieu, on s’en fout ».
Je propose d’emboîter le pas aux deux premiers humanistes en faisant la promotion de l’esprit critique, en tordant le coup à nos croyances, en maîtrisant nos passions et en contrôlant nos émotions, bref en construisant notre temple. Les actes que nous accomplirons dans ces conditions seront d’authentiques actions humanistes s’inscrivant dans le projet de grand temple de l’Humanité.
 A la fin de cette planche, je sais maintenant que si l’on veut être un humaniste efficace il faut être un homme libre. Pour être libre il n’y a qu’une seule façon réellement efficace d’opérer, c’est de tuer ses maîtres, car un esclave libéré par ses maîtres restera toujours un esclave.

Mon professeur de mathématiques, en classe de 4ème, m’avait sidéré en me disant un jour où j’hésitais à propos de la justesse de mon raisonnement : « Tu vois Maurice, dans la vie on peut croire en dieu, tout le reste il faudrait en être sûr ».
Cette sentence, je l’ai fait mienne, ce qui me permet de proclamer que pour être un humaniste digne de ce nom, on ne doit pas non plus croire en dieu, et à défaut d’être sûr de tout, il faut au moins être sûr de soi et déterminé. Et c’est incompatible avec une foi en quoi que ce soit.

Peut-être que je viens de dire un Gros mot, mais après tout, « inch allah ! ».

                                                                            J’ai dit avec un très grand plaisir le 16.04.10.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          
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